lundi 4 août 2008

Retour à Rodrigues

En cinq ans, rien n'a changé à Rodrigues, petite île dépendante administrativement de Maurice. Ou si peu. Un petit casino a ouvert à Port-Mathurin, ou quelques bicoques trop branlantes ont été démolies - si elles ne sont pas tombées d'elles-mêmes. Ici et là, le long des côtes, essaiment de nouvelles constructions en dur. Des portions de routes ont été refaites ou goudronnées. Et on compte de plus en plus de pick-up 4x4 japonais - vous pourrez néanmoins parcourir plusieurs kilomètres sans croiser le moindre véhicule.


Mais les bus cacochymes au confort spartiate peinent toujours dans les côtes sinueuses, laissant derrière eux un long sillage de fumée noirâtre. Les pêcheuses d'ourites continuent, armées de pointes de fer, à traquer à marée basse les céphalopodes - et, malheureusement, à piétiner les coraux du lagon. Les longues plages sont toujours désertes, à l'exception de quelques pêcheurs.

Le développement touristique ne décolle pas. La liaison directe avec La Réunion, inaugurée en 2003 par Air Mauritius et dans laquelle les rares professionnels du tourisme mettaient beaucoup d'espoir, a été abandonnée en 2006 faute de viabilité économique. Sans doute, le climat venteux de l'île n'aide pas : certains jours, il faut vraiment mériter la gentillesse des Rodriguais, la beauté des paysages - lesquels peuvent rappeler, lorsque l'averse tombe, l'Ecosse ou la Bretagne -, les couleurs du lagon et la tranquillité des lieux - ici, on ne ferme ni voiture ni maison.


Si l'on aime le confort des hôtels de luxe, il faut loger au Cotton Bay (Pointe Coton), ou au Mourouk Ebony (vers Port Sud-Est). Mais si l'on veut effleurer la réalité locale, c'est à la table d'hôte de la résidence Foulsafat qu'il faut faire honneur. Pas besoin de se forcer : l'accueil y est formidable. On peut y croiser, outre les maîtres de maison et leurs proches, un habitué des lieux, une poignée d'autres touristes avec qui se consoler du temps pluvieux autour d'un rhum arrangé (*), mais aussi des tortues et divers animaux de basse-cour (qui finiront habilement cuisinés).



Mais pas ces impressionnantes araignées - sans doute Nephila nigra - vivant en groupes, tissant leurs toiles le long des routes, notamment entre les fils téléphoniques et électriques. Lesquelles toiles se balancent avec le vent, de façon assez inquiétante pour le profane. Pourtant, malgré leur taille - les femelles peuvent dépasser les 10 cm de diamètre -, les bibes, ainsi qu'on les appelle à la Réunion, sont parfaitement inoffensives.



* Ainsi qu'un jeune couple, égaré là par un tour opérateur, et dont la vulgaire moitié s'attendait manifestement à un hôtel club. Rien de grave, si ce n'est pour la patience des hôtes, qui restèrent néanmoins impassibles jusqu'à son départ.

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