Affichage des articles dont le libellé est Vivants. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Vivants. Afficher tous les articles

vendredi 25 septembre 2009

La grande bouffe


En Indonésie, à Kuta, dans le sud de Lombok. Rien à voir avec le Kuta de Bali, sorte de Costa Brava pour surfeurs australiens : ici, dans l'attente d'un futur aéroport international, la côte reste sauvage et préservée ; les plages sont immenses, magnifiques et désertes, seuls quelques villages de pêcheurs se nichent au fond des baies. L'estran semble propice à la recherche de coquillages : rochers et blocs de corail morts découverts à marée basse sont le biotope classique de nombreuses espèces. Pourtant, la recherche est décevante : rien, ou quasiment rien, si ce n'est quelques juvéniles de cônes ou de porcelaines.



Curieux. La région est pourtant riche en coquillages. L'explication émerge en même temps que la marée continue de baisser. Du village proche, hommes, femmes et enfants sortent de leurs habitations sommaires - cahutes de bois et de palmes parfois bâchées de plastique - pour chercher pitance, raclant le sable, fouillant les touffes d'algues, retournant chaque abri. Tout ce qui vit semble comestible et est donc ramassé. Conus lividus ou flavidus, minuscules Cypraea annulus ou moneta, Astraea calcar, gastéropodes et bivalves centimétriques* finiront à la casserole.



Paradoxalement, c'est à quelques mètres à peine de la plage que seront dénichés, sous un bloc de corail mort, deux rescapés : Conus magus et Conus capitaneus. Curieux de voir un touriste leur disputer les lieux, les pêcheurs viendront gentiment discuter ; malgré plusieurs tentatives d'explication (en anglais de cuisine, certes), la notion même de collection leur restera totalement étrangère. Ici, dans cette région pauvre oubliée de la manne touristique, les coquillages n'ont qu'une utilité : celle d'un élément nutritionnel essentiel.



* Après tout, en France on mange bien des bigorneaux.

vendredi 16 janvier 2009

Les Cypraea lurida de Mahdia

Sur la côte Est d'une Tunisie aux côtes défigurées par des kilomètres de front de mer bétonné - effet d'un développement touristique anarchique et incontrôlé qui assure au pays près de 6% de son PIB -, la vieille ville de Mahdia exhale encore un certain parfum d'authenticité. Au bout, c'est le Cap Afrique; un vieux cimetière marin y surplombe un minuscule port de pêche phénicien accueillant encore quelques barques colorées.


Des milliers de tombes blanches alignées - elles sont orientées vers La Mecque - dévalent le relief jusqu'à la mer. Les plus anciennes sont mangées par les vagues : la marée recouvre ces minuscules trous rectangulaires creusés à même la roche. Dans les anfractuosités, Cypraea lurida Linné, 1758 est assez commune, même en plein jour.


Celles-ci resteront dans leur nécropole salée. L'espèce est en effet protégée par la convention de Berne, au même titre que les autres porcelaines méditerranéennes - pyrum, achatidea et spurca. Un vieux lot de coquilles, censées avoir été pêchées dans les années 80 - quel intérêt aurait pu avoir le vendeur à mentir ? Il n'était même pas au courant de l'interdiction... -, sera découvert au fond d'une boutique borgne, encalminées dans leur jus de poussière et de décomposition. Plusieurs bains énergiques finiront par leur redonner leur éclat.


Plus loin, à coté d'un stock de Charonia lampas lampas Linné, 1758 pêché pour la consommation (bien que tout aussi protégé), un petit tas de Cypraea turdus Lamarck, 1810, confirmant la présence en méditerranée de cette espèce considérée naguère comme endémique à la Mer Rouge. Si le réchauffement climatique se poursuit, on peut espérer un jour récolter des pantherina à Saint-Trop'.

samedi 17 novembre 2007

Quand la chance sourit

Chercher des coquillages en apnée s'apparente généralement à une quête du Graal déçue. On espère un beau Conus aulicus f. propenudus ou, mieux encore, un rare Conus pennaceus rubiginosus, on soulève des tonnes de dalles de corail mort, on gratte le sable, on furète partout, et en général la récolte se résume à une série de muricidae encroûtés et de cypraea lynx ou erosa sans intérêt.

Et puis lorsque, transi de froid, on songe à rentrer (et au punch qui réchauffe), sous un innocent petit bout de corail machinalement retourné, un animalcule d'un rouge éclatant attire l'oeil. Sous la pression du doigt ganté, un manteau se rétracte, laissant apparaître les ocelles d'une Cypraea esontropia cribellum.



C'est un coup de chance, il ne se reproduira probablement jamais. Mais, le lendemain, on retourne fouiller le lagon avec un entrain renouvellé.

P.S Quant à la valeur taxinomique de Cypraea esontropia cribellum Gaskoin, 1849, elle est pour le moins sujette à caution. En pratique, c'est ainsi que l'on nomme les exemplaires de forme cylindrique de Cypraea esontropia, pêchés à La Réunion et à l'Île Maurice.

lundi 17 septembre 2007

Alien

Mais quel est donc ce monstre gentil aux yeux zébrés façon bagnard ?


Réponse : Charonia variegata Lamarck, 1816, un hôte commun des lagons antillais. C'est généralement dans les anfractuosités du corail ou des amas rocheux que l'on déniche cet amateur d'étoiles de mer. Celui-là vient de Martinique, ou l'on trouve aussi à l'occasion une belle forme orange de cette coquille spectaculaire, mais rarement en bon état et souvent très encroûtée.