mardi 23 septembre 2008

De la conchyliologie à la mycologie (1)

La cueillette des champignons ou la traque des coquillages participant d'une addiction proche, et la saison s'y prêtant, voici quelques hôtes des forêts rhônes-alpines.

A tout seigneur tout honneur, le fameux Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) promène son pied obèse et son chapeau brun dans quasiment toutes les régions de France. Les vers et les limaces l'attaquent vite; il n'est jamais meilleur qu'ainsi, au stade de petit bouchon, émergeant juste de l'humus.




Bien moins réputé, l'Armillaire couleur de miel (Armillariella mellea), meilleur comestible qu'il n'y paraît (surtout ainsi cuisiné) à condition de le cueillir bien jeune et d'éliminer le pied, présente le double avantage d'être à la fois abondant et délaissé, évitant bien des retours bredouilles.

On la dit comestible, y compris crue : à défaut d'être appétissante, la Trémelle gélatineuse (Pseudohydnum gelatinosum), tremblotante comme un vieux pudding, est au moins photogénique.

Enfin, sans doute le plus célèbre des champignons : l'Amanite tue-mouches (Amanita muscaria) doit son nom à la muscarine qu'elle contient, poison violent pour les insectes et substance hallucinogène pour les humains. Elle est en revanche inoffensive pour les Schtroumpfs.

A suivre...

jeudi 11 septembre 2008

Ce qu'ils sont devenus - Rare shells 7/50

Septième épisode de la série relative au destin des 50 espèces mises en avant par S. Peter Dance dans "Rare Shells", consacré à ce qui reste sans doute comme le plus célèbre des coquillages de collection, Epitonium scalare (Linné, 1758).

Un livre complet suffirait à peine pour tracer de manière exhaustive le destin de cette "scalaire précieuse", longtemps considérée comme l'un des coquillages les plus rares au monde. Sa beauté, son extraordinaire structure helicoïdale aux tours successifs non accolés, sa jolie couleur ivoire - parfois légèrement rosée - et son brillant de porcelaine, sa provenance mystérieuse - l'exotique Mer de Chine -, tout concourt à l'élaboration du mythe.

Epitonium scalare (Linné, 1758) - 58 mm, Vietnam

Sa première évocation dans la littérature, rappelle Sir Peter Dance, revient sans doute au grand voyageur Balthasar de Monconys, qui tombe en arrêt, en 1663, devant un exemplaire appartenant à la collection du hollandais Ernst Roeters. Au XVIIIème siècle, des fortunes sont dépensées pour obtenir les rares coquilles disponibles. Ainsi, vers 1750, l'empereur Franz I Stephan* - le mari de l'impératrice Marie-Thérèse, héritière des Habsbourg - débourse la somme, colossale à l'époque, de 4000 guilders pour en aquérir une.

L'histoire la plus fameuse concerne la supposée existence de fausses Epitonium scalare, fabriqués en pâte de riz par les Chinois. La fraude aurait été détectée rapidement : les coquilles se dissolvaient dans l'eau. Mais certains auteurs (dont Dance) penchent plutôt pour une légende, comme il s'en forge souvent au fil des siècles.


Quoi qu'il en soit, une telle réplique d'époque vaudrait aujourd'hui, si elle avait résisté au temps, des milliers de fois plus cher qu'un original. Aujourd'hui, une poignée d'Euros suffit pour enrichir sa collection de cette pièce indispensable. On a d'ailleurs beaucoup de mal à comprendre la rareté passée de cette espèce. Elle est localement commune, et son aire de répartition est très large : du Japon à l'Australie, et de l'Inde aux îles Fidji. Sans doute les rares fournisseurs de l'époque réussirent-ils tant bien que mal à organiser la pénurie.

* Lequel collectionnait aussi les enfants : sa femme Marie-Thérèse, lui en donna seize en dix-neuf ans.