mercredi 13 février 2008

Ce qu'ils sont devenus - Rare shells 5/50

Cinquième épisode de la série relative au destin des 50 espèces mises en avant par S. Peter Dance dans "Rare Shells", consacré à l'un des coquillages les plus mythiques qui soient : Conus gloriamaris Chemnitz, 1777.

Longtemps, Conus gloriamaris a été l'un des plus rares et des plus recherchés des cônes. Pendant près de deux siècles après sa découverte, seule une poignée d'exemplaires ont circulé. En 1967, R. Tucker Abott estime que 63 exemplaires sont connus - et se targue d'en avoir examiné 35.
Plusieurs histoires circulent à son sujet. La plus célèbre est romanesque mais fausse : en 1792, Hwass aurait acheté un exemplaire aux enchères et l'aurait immédiatement détruit, pour que celui déjà en sa possession conserve sa valeur. Une autre est douteuse : un pêcheur, croyant avoir affaire à des Conus gloriamaris, accumula des très communs Conus textile, se fit par plusieurs d'entre eux piquer (les deux espèces sont venimeuses) et en mourut.

Conus gloriamaris Chemnitz, 1777 - 132 mm, Philippines

Quant à sa prétendue rareté, il suffit apparemment de trouver le bon biotope (les fonds sableux ou boueux, de 10 à 300 m.). En 1969, un couple de plongeurs australiens fit probablement fortune en en collectant 120 spécimens à Guadalcanal, dans les Îles Solomons. Il fallut néanmoins encore plusieurs années pour que les prix fondent. Dans Cone shells, Jerry G. Walls rappelle que le tarif tournait, en 1975, autour de $1500, mais baissait rapidement ($800 lorsqu'il écrivit la notule concernant l'espèce, probablement en 1977 ou 1978) et conseillait même d'attendre que le marché devienne plus stable.

Il avait raison : petit à petit, et notamment avec le développement de la collecte aux Philippines, Conus gloriamaris est devenu franchement abordable - disons entre 30 et 150 € selon la taille et la qualité, seuls les spécimens extrêmes valant encore très cher. Le record référencé mesure 166 mm; il provient de Punta Engaño, aux Philippines, et appartient au fameux collectionneur Pete Stimpson (est-ce celui ici photographié ?).

Conus gloriamaris Chemnitz, 1777 - 76 à 80 mm, Philippines

Conus gloriamaris Chemnitz, 1777 - détail

P.S Les curieux pourront voir l'holotype de Conus gloriamaris ici, et télécharger la description originale , sur l'incontournable site de Alan J. Kohn, The Conus Biodiversity Website.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans le livre "Les coquillages chefs-d'oeuvre de la vie sous-marine" de Hugh et Marguerite STIX et R. TUCKER ABBOTT, aux éditions SEGHERS, 1969-1973, les auteurs écrivent à propos de ce cône : "Conus gloriamaris n'est pas le coquillage le plus rare, mais pendant longtemps il a été considéré comme le plus précieux (dans les ventes, il atteint des prix dépassant 5 000 francs). Des légendes romanesques se sont créées autour de ce coquillage et de ses possesseurs ; on y conte des faits de bravoures, de pillages, de mort et de destruction. Il existe actuellement près de soixante-dix exemplaires dont la plupart sont conservés dans des musées publics. Ils proviennent de diverses régions du sud-ouest du Pacifique, des îles Salomon, de la Nouvelle-Guinée, d'Indonésie et des Philippines. Le spécimen représenté ici [planche 88] porte le numéro vingt-huit.

Zonatus a dit…

Merci pour l'info. Ce livre là manque à ma collection (comme bien d'autres, d'ailleurs)