vendredi 30 novembre 2007

Niger (with attitude)

Bien connu des collectionneurs, le phénomène de nigérisation et de rostration de certaines porcelaines en Nouvelle Calédonie n'a jamais été totalement explicité, bien que de sérieux soupçons se portent sur la présence de métaux lourds dans les eaux polluées par les activités minières. Soupçons renforcés par le fait que l'on retrouve ce phénomène à l'est de l'Australie, dans la Baie de Keppel, région à l'importante l'activité minière.

Les trois spécimens présentés ici proviennent d'anciennes collections, et ont probablement été récoltés dans les années 40. Époque à laquelle les porcelaines nigers et rostrées étaient bien plus communes qu'aujourd'hui - sans que l'on sache si leur raréfaction est le résultat d'une collecte trop intensive ou, justement, de la pollution .

L'une des plus courante est Cypraea eglantina. Ce spécimen est bien moins foncé que d'autres, mais montre une intéressante rostration.


Cypraea eglantina Duclos, 1833 - 56 mm, Nouvelle-Calédonie

Autre hôte commun des lagons calédoniens, Cyraea annulus. La coquille ne s'assombrit jamais lors du processus, mais l'anneau jaune se dédouble, voire diffuse sur les marges comme c'est le cas ici.



Cypraea annulus Linné, 1758 - 27 mm, Nouvelle-Calédonie

Enfin, les Cypraea lynx rostrées sont moins courantes que les précédentes. Là encore, la nigérisation ne touche pas cette espèce, qui se déforme en revanche de façon spectaculaire.


Cypraea lynx Linné, 1758 - 46 mm, Nouvelle-Calédonie


A noter qu'un phénomène proche touche certaines porcelaines de l'Île Maurice. Fait curieux, il y concerne en particulier Cypraea tigris. Or à l'inverse, en Nouvelle Calédonie la quasi totalité des espèces de cypraea sont touchées - ainsi d'ailleurs que des ovulidae comme Calpurnus verrucosus - à l'exception, justement, de Cypraea tigris. Il reste encore beaucoup à apprendre sur le sujet.

dimanche 25 novembre 2007

Ce qu'ils sont devenus : Rare shells (3/50)

Troisième épisode de la série relative au destin des 50 espèces mises en avant par S. Peter Dance dans "Rare Shells", consacré à Conus dusaveli H. Adams, 1872

Cette très belle espèce a été décrite à partir d'un seul exemplaire : l'holotype (qui peut être vu ici, sur l'excellent site de Alan J. Khon) provient de l'"estomac d'un poisson pêché à une profondeur de 60 fathoms [soit environ 110 m.]" à l'Île Maurice, selon une lettre adressé à Melvill par Sowerby (III) en 1882, et citée par Dance dans son livre.

S'il n'y a aucune raison de mettre en doute cette provenance, elle est néanmoins surprenante. A ma connaissance (mais peut-être des références bibliographiques infirment-elles cette impression), depuis cet unique exemplaire Conus dusaveli n'a jamais été retrouvé dans les Mascareignes. Il est en revanche pêché en Nouvelle-Calédonie, au Japon dans les îles Ryukyu (dont la plus célèbre, Okinawa) et bien sûr aux Philippines, d'où proviennent la grande majorité des spécimens vendus actuellement. Ceux-ci sont généralement récoltés avec des filets dormants (tangle nets), sur des fonds sableux de 50 à 200 m.

Conus dusaveli H. Adams, 1872 - 69 mm, Philippines

mercredi 21 novembre 2007

Rebel (in my shell)

Vous n'avez jamais entendu parler de malacologie ni de conchyliologie ? Il y a pourtant un gastéropode que vous devez connaître : Helix pomatia, notre fameux escargot de Bourgogne , réputé pour ses qualités gastronomiques - bien que personnellement je préfère Helix aspersa, le "petit-gris", moins charnu sous la molaire.

Hemix pomatia Linné, 1758 - 41 mm, France

A priori, Helix pomatia n'a, pour un collectionneur de coquillages, strictement aucun intérêt. Très commun, sans forme ni couleur particulière, plutôt moche. J'en connais pourtant qui se damneraient (voire pire) pour trouver un jour, au détour d'un buisson, un exemplaire comme celui-ci. Un exemplaire sénestre, puisque c'est de cela qu'il s'agit.

Hemix pomatia Linné, 1758 - 41 mm, France

Voici donc un rebelle. Au lieu de développer sa coquille en tournant, comme ses congénères et néanmoins amis, dans le sens d'une aiguille d'une montre, Môssieur est parti dans l'autre sens. L'espèce est dextre ? Môssieur sera sénestre.

Celui-ci vient d'une ferme hélicicole de la région de Troyes. Je ne connais pas la fréquence de cette anomalie, mais j'ai interrogé plusieurs héliciculteurs : aucun ne l'avait jamais rencontrée. Peut-être est-ce simplement dû au fait qu'il ne l'avaient pas cherchée...

samedi 17 novembre 2007

Quand la chance sourit

Chercher des coquillages en apnée s'apparente généralement à une quête du Graal déçue. On espère un beau Conus aulicus f. propenudus ou, mieux encore, un rare Conus pennaceus rubiginosus, on soulève des tonnes de dalles de corail mort, on gratte le sable, on furète partout, et en général la récolte se résume à une série de muricidae encroûtés et de cypraea lynx ou erosa sans intérêt.

Et puis lorsque, transi de froid, on songe à rentrer (et au punch qui réchauffe), sous un innocent petit bout de corail machinalement retourné, un animalcule d'un rouge éclatant attire l'oeil. Sous la pression du doigt ganté, un manteau se rétracte, laissant apparaître les ocelles d'une Cypraea esontropia cribellum.



C'est un coup de chance, il ne se reproduira probablement jamais. Mais, le lendemain, on retourne fouiller le lagon avec un entrain renouvellé.

P.S Quant à la valeur taxinomique de Cypraea esontropia cribellum Gaskoin, 1849, elle est pour le moins sujette à caution. En pratique, c'est ainsi que l'on nomme les exemplaires de forme cylindrique de Cypraea esontropia, pêchés à La Réunion et à l'Île Maurice.

vendredi 26 octobre 2007

Pause

Amis lecteurs, ce blog ne sera pas mis à jour avant la mi novembre. Je vous laisse en companie de Totor. Soyez gentil avec lui, il a la pince féroce.



EDIT DU 29/10/2007

Amis voyageurs, deux conseils de base :

1. Ne jamais, au grand jamais, prendre des billet sur Air France pour partir pendant les vacances scolaires.
2. Etendre la règle n°1 au reste de l'année.

jeudi 25 octobre 2007

Swiftopecten swiftii

Nombreux sont ceux qui s'intéressent plus aux qualités culinaires des Pectinidae (coquille Saint-Jacques Pecten maximus, pétoncle Chlamys varia, pour ne citer que les plus connus des côtes françaises) qu'à leur intérêt conchyliologique

Pourtant, même les espèces les plus communes présentent d'étonnantes variations (vous n'y échapperez pas dans un futur billet). Et le genre accueille aussi d'étonnantes coquilles, comme ce Swiftopecten swiftii Bernardi, 1858, qui nous vient du Japon.

Swiftopecten swiftii Bernardi, 1858 - 100 mm, Japon


"Lova Moor, portrait en bouche" - Huile sur Toile, 40 cm, 1985
Swiftopecten swiftii Bernardi, 1858 - 100 mm, Japon

lundi 22 octobre 2007

A poil(s) !

Non, il ne s'agit pas d'une tentative éhontée pour augmenter le trafic anémique de ce blog (quoique). Juste un moyen d'évoquer Cymatium pileare, qui tire son nom de son périostracum velu.

Cymatium pileare Linné, 1758 - 122 mm, Philippines

Le périostracum est la couche la plus externe de la coquille. Il a vraisemblablement un rôle de protection et de camouflage, ce qui n'empêche pas certaines familles d'en être totalement dépourvues (cypraea, marginella, oliva).

Composé principalement d'une protéine (la conchyoline), il peut être facilement éliminé par trempage dans de l'eau de Javel. Si vous préférez le conserver, une application de glycérine (éventuellement coupée à 30 % d'alcool à 90° pour favoriser sa pénétration) évitera qu'il se dessèche et finisse, avec le temps, par disparaître en poussières.

A noter que l'aire de répartition de Cymatium pileare est particulièrement large : on le trouve dans toute la zone Indo-Pacifique, mais aussi dans les Caraïbes et dans la Mer Rouge.